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Voici des infos du futur

29 avril 2004

LES OESTROGÈNES, NOUVEAU DANGER ENVIRONNEMENTAL ?

Par Brian Kohler, Représentant national ‑ santé, sécurité et environnement

Mars 1994

De récents rapports ont mis en évidence l'existence possible d'une contamination répandue de l'environnement par des composés qui perturbent le système endocrinien. Le système endocrinien est le réseau de glandes et d'organes qui maintient l'équilibre des hormones dans le corps humain. Les hormones sont des substances chimiques (habituellement, des protéines) qui sont produites par le corps et qui règlent un vaste éventail d'activités biologiques variant du métabolisme au développement du foetus. Le pouvoir des hormones et tel qu'une légère variation de leurs teneurs peut avoir un effet biologique considérable.

Certains scientifiques croient que nous avons inondé l'environnement de composés ressemblant aux oestrogènes. On s'inquiète particulièrement du fait, étonnant, que bon nombre de produits chimiques (dont certains ont une structure chimique ne ressemblant pas beaucoup à celle des oestrogènes naturels) exercent un effet semblable à celui des oestrogènes sur les animaux, y compris les humains. Dans certains cas, ces produits chimiques imitent des oestrogènes naturels dans le corps mais un effet analogue à celui des oestrogènes peut découler d'une perturbation de l'action ou de la production des oestrogènes naturels.

Les oestrogènes sont des hormones sexuelles féminines. Les oestrogènes naturels provoquent le développement sexuel chez la femelle et jouent un rôle essentiel relatif à la fécondité, à la grossesse et à la lactation. Toutefois, chez les individus des deux sexes (les mâles produisent eux aussi, de faibles quantités d'oestrogènes), la sécrétion excessive d'oestrogènes peut causer des malformations congénitales, un développement sexuel anormal, des troubles du système nerveux ou du système immunitaire et le cancer.

Depuis de nombreuses années, des oestrogènes de synthèse sont produits en grande quantité à des fins pharmaceutiques et contraceptives. Toutefois, le problème ne semble pas principalement attribuable à ceux‑ci. Les principaux perturbateurs hormonaux qu'on trouve dans l'environnement semblent être certains pesticides et les produits de leur dégradation ainsi que quelques autres produits chimiques industriels.

Les produits chimiques dont on connaît l'effet perturbateur sur le système endocrinien comprennent le DDT, le DEHP, le dicofol, l'hexachlorobenzène, (HCB), le celthane, le Képone, le lindane et le composés apparentés, le méthoxychlore, l'octachlorostyrène, les pyréthroïdes de synthèse, les herbicides à base de triiazine, les fongicides contenant de l'EBDC, certains congénères des BPC, les dioxines et les furannes, le cadmium, le plomb, le mercure, les composés d'étain organique, les alkylphénols et les dimères et trimères de styrène. On en identifiera certainement d'autres plus tard.

Certains scientifiques craignent qu'il puisse suffire, pour altérer la santé humaine, d'un exposition moyenne à des concentrations ambiantes de produits chimiques de ces genres. Or, certains de ces produits chimiques ont des usages industriels. Les travailleurs et travailleuses des industries en question subiront vraisemblablement des expositions de beaucoup supérieures à la moyenne à des produits chimiques perturbateurs du système endocrinien.

On sait que les concentrations ambiantes de composés ressemblant aux oestrogènes peuvent causer des malformations congénitales et un vaste éventail d'autres troubles chez les animaux. L'embryon/foetus est particulièrement vulnérable aux changements hormonaux, dont les effets peuvent être immédiats ou larvés (ne devenant détectables que des années après la naissance). Il y a tout lieu de croire que les humains ne sont pas à l'abri de ces effets. Par exemple, on a constaté que les teneurs en nonylphénols (composés de la famille des alkylphénols) de certains cours d'eau et lacs d'Angleterre étaient égales ou supérieures à 15 microgrammes, teneur où il est reconnu que ces composés ont un effet très oestrogénique sur les humains.

Il est probable que se soit amorcé un désastre environnemental qu'on n'a tout simplement pas remarqué jusqu'à présent. Il faudrait soumettre les produits chimiques, et particulièrement les pesticides, à des essais destinés expressément à déterminer leurs effets sur le système endocrinien. De plus, il faut réduire les niveaux de contamination par des produits chimiques qui perturbent l'équilibre hormonal.

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29 avril 2004

Qui décide de notre alimentation ?

 

Les PESTICIDES

 

"Il n'existe pas de quantité minimale en deçà de laquelle (certains de) ces produits n'ont pas d'effet "

Frederick vom Saal, biologiste à l'Université du Missouri.

Trouvez l'erreur ?

La logique actuelle en matière d'autorisation de mise sur le marché de produits industriels est la suivante : un produit peut être utilisé tant que la population n'en est pas gravement affectée, même si des preuves de sa toxicité ont été établies en laboratoire sur l'animal. En conséquence, la plupart des produits en usage n'ont jamais été évalués. En d'autres termes, seules les conclusions d'une étude épidémiologique ‑ méthode la moins sensible et très longue ‑ peuvent interdire la mise en vente et l'utilisation d'un produit industriel dont la seule motivation est économique. Paradoxalement, avant d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM), un produit pharmaceutique, c'est à dire un produit destiné à soigner et prescrit par un médecin, doit subir un protocole de tests très rigoureux et scientifiques.

Eh oui ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, même si des preuves de toxicité ont été établies scientifiquement sur l'animal, un pesticide ne sera interdit à la vente qu'à partir du moment où une étude épidémiologique aura prouvé son effet toxique sur la population.

Des avis de toxicologues ‑

Pour Frederick vom Saal, biologiste à l'Université du Missouri : "Certains pesticides affectant le foetus atteindront de manière irréversible les organes de l'enfant et de l'adulte. Il n'existe pas de quantité minimale en deçà de laquelle ces produits n'ont pas d'effet. Ces atteintes peuvent se manifester sous desformes diverses et variées tels qu'une réduction de 20 à 30 % de spermatozoides, un utérus légèrement anormal, un QI plus faible de 6 points", "Le système embryonnaire de la souris est sensible à la présence de 0,11 picogramme (0, 00000000000011 g) d'estradiol supplémentaire par ml. A cette surdose infime, apparaissent des anomalies de la prostate. Ce qui est vrai pour cette oestrogène naturel, l'est également pour certains produits chimiques. Les résultats de quatre laboratoires montrent que les sensibilités de souris et celles des hommes sont identiques. Un milliardième de gramme d'un produit hormonosensible peut endommager un foetus, chez l'animal comme chez l'homme. Or de telles quantités se retrouvent dans la nourriture ',

Pour Guy Hédelin, chercheur au laboratoire d'épidémiologie et de santé publique de Strasbourg : " la fréquence du cancer du testicule augmente en France de 4 %par an; L'incidence a augmenté de 50 % en dix ans ". Ce type de cancer est devenu le plus fréquent chez l'homme jeune dans la plupart des pays de l'hémisphère Nord.

Pour John McLachlan de l'Université Tulane (Nouvelle Orléans, USA): ', les rats mâles exposés in utero au DES (diéthylstilbestrol), un agent chimique oestrogénique, souffrent d'anomalies des organes génitaux pouvant conduire à des cancers des testicules. Il en va de même pour l'exposition auxproduits organochlorés. "

Pour John Wargg de l'Université de Yale, Expert auprès de deux commissions de l'Académie des sciences des Etats‑Unis, Conseiller auprès de l'Agence américaine de protection de l'environnement : "... le gouvernement ne sait pratiquement rien de l'exposition humaine aux pesticides et de leurs effets sur la santé, tout en continuant à délivrer des homologations" (L'héritage toxique de nos enfants ", Yale Univ. Press, 1996).

Pour le Professeur Jean‑François Viel de la faculté de médecine de Besançon : "Nous ignorons encore beaucoup de choses sur les effets des pesticides sur la santé", "La démonstration d'une sur mortalité par cancer dans les groupes très exposés va devenir deplus en plus difficile au fil des années. Des cancers surviennent dans la population générale sans qu'il y ait nécessairement exposition aux pesticides, créant un bruit defond important.

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